#01.16 / entrez dans le bal au rythme des #BO du dimanche soir
Absente des objets traditionnels de la sociologie de l’art, ne relevant pas de la sociologie du sport, la place des danses de couple occupent une place marginale. Elles représentent pourtant une pratique culturelle aux multiples dimensions agissant : mixité sexuelle, négociation des identités de genre, espace de rituels, processus de transmission, codification, fonctions sociales…
Comme lieu de pratique stéréotypé, le bal a connu un âge d’or, un déclin et un renouveau :
« L’histoire sociale du bal au XXe siècle semble dessiner une évolution en miroir entre la société et la danse: lorsque la vie est imprégnée de solidarités, les danses sont collectives, lorsque émerge le couple, les danses de couple se développent, et lorsque l’individualisme s’impose, les danses individuelles l’emportent. »
Le sociologue Christophe Apprill confirme cette évolution globale dans son ouvrage « Sociologie des danses de couple » (2006).
Du bal à la discothèque, la danse évolue en même temps que la société. Toutefois, en mettant en scène (par un protocole codifié) les relations de genre entre homme et femme au cours d’une parenthèse sociale – l’homme guide, la femme suit, le tout sous le regard des autres – les bals apparaissent comme de véritables phénomènes populaires et intergénérationnels.
En janvier, ces bals nous promettent de « belles destinations » et inspirent les #BO du dimanche soir :
- Dimanche 03 – vers l’au-delà
En 2016, « Delpechons-nous de vivre » ! Nous ouvrons juste le bal pour un flirt, le dernier flirt d’un grand chanteur.
Sur une musique de Roland Vincent qui traînait là, au hasard, Michel Delpech développe des idées, des petits chapitres sur un ton plutôt récitatif. Il trouvait ça marrant de se prendre pour cible « car l’uniforme du chanteur, le costume blanc, on est quelques-uns à le porter » disait-il. Au lendemain de sa mort, je me souviens d’un chanteur populaire dont l’oeuvre inspire encore… de jeunes chanteurs, de grands acteurs et mêmes des communicants comme moi.
- Dimanche 10 – un weekend nostalgique
Paris, entre pages blanches et euphories… Vickie Chérie et Leo Bear évoquent l’année à venir au passé et déguisent ainsi une déclaration d’amour en chanson d’anticipation. Emportés par le bal, ils se souviennent de ce temps là et commencent à chanter : une rencontre au lycée, qui est devenue depuis un couple et un groupe : The Pirouettes.
- Dimanche 17 – un irrévocable retour
« Le cœur de Paris, c’est une fleur d’amour si jolie que l’on garde dans son cœur, que l’on aime pour la vie. » chantait Trenet.
Parti chanté en tournée en Amérique, il est soudainement pris du mal du pays et rentre brusquement. Dans l’avion, il composa une chanson. Il lui arrivait aussi, quand lui prenait l’envie, de la chanter en anglais : « Hello Paris ».
Adieu Trenet / Bonjour Biolay… qui propose un autre regard sur l’artiste. Loin d’un hommage académique, ce « Revoir Paris » apparaît comme un signe de réconfort adressé à la capitale, un regard bienveillant posé sur ses habitants.
- Dimanche 24 – un exotique ailleurs
Au lendemain d’une soirée bien arrosée, mes souvenirs sont réactivés par un air connu : 1990 je me souviens, quand la petite sourie me porta une K7 audio de la Compagnie Créole… Aujourd’hui, avec un verre de rhum arrangé nous voilà emportés par le Ballet Exotic de la Martinique ! Ce chant paraît dansant et festif mais il reste teinté de grève, de lutte ouvrière et de l’ambiance d’un certain 26 mai 1967.
En ce sens, l’historien Jacques Adelaire-Merlande in « Les origines du mouvement ouvrier en Martinique de 1870 à 1900 » confirme que la chanson populaire occupe une place non négligeable dans l’étude des luttes ouvrières. Celle-ci s’affiche d’ailleurs comme une source indispensable pour saisir le contexte des événements politiques et des grèves, ici non dissociables de l’Histoire des arts.
- Dimanche 31 – un lointain voyage
Enfin là & déjà loin… c’est un peu de cette manière que je reçois le dernier opus qui semble désormais assumer sa pleine normalité. Quel plaisir de retrouver Alex Beaupain sans fioriture ! Son « Loin » au parfum souchonien, nous replonge dans une jeunesse où se mêlent souvenirs fanés et illusions perdues.
31 janvier, je boucle mes voyages et termine mes bagages musicaux,…
en feuilletant un livre d’image, des cartes postales subtiles toutes différentes :
Je t’envoie un « Je te supplie », je côtoie « Van-Gogh », en (re)passant par la sublime « Rue Battant »,
… en n’oubliant rien de ces belles destinations.
2 Commentaires
Toutes ces vidéos rendent assez nostalgique. Très belle analyse sur la place de la danse de couple dans notre culture. Au plaisir de vous relire.
Et si la beauté avait parfois des reflets de nostalgie.
Merci de votre message. Le temps me manque souvent mais les envies d’écrire sont toujours là… prêtent à jaillir.
Au plaisir.